Quelle est l’attitude sikh envers le divorce ?
Le sikhisme favorise la vie familiale et la monogamie.
ਏਕਾ ਨਾਰੀ ਜਤੀ ਹੋਇ ਪਰ ਨਾਰੀ ਧੀ ਭੈਣ ਵਖਾਣੈ ॥
« Sois fidèle à une seule épouse ; considère toutes les autres femmes comme tes filles et sœurs (pour les femmes, il faut être fidèle à un seul mari et considérer les autres hommes comme ses fils et frères). »
(Bhai Gurdas Ji, Vaar 6 : Pauri 8)
Le mariage est hautement respecté et l’homme comme la femme doivent se respecter mutuellement lorsqu’ils s’unissent pour partager leur chemin spirituel et leur but dans la vie.
La famille idéale est celle où il existe un amour et un respect mutuels entre le mari et la femme, ainsi qu’avec leurs enfants et petits-enfants, s’il y en a.
Le Anand Marriage Act de 1909 a accordé à l’épouse un statut égal à celui de son mari. Le mariage établit une relation permanente entre les partenaires et il n’existe aucune disposition pour un divorce dans cet acte, car le mariage sikh (Anand Karaj) est un sacrement et non un contrat civil.
Le document du Sikh Rehat Maryada publié par le Shiromani Gurdwara Prabandhak Committee indique :
ਟ) En temps normal, un sikh ne doit pas se remarier avec une seconde épouse si la première est encore en vie.
Dans le livre Sikh Rehat Maryada: History, Guiding Principles and a Contextual Translation (2020) écrit par Bhai Manvir Singh (Royaume-Uni), l’auteur fournit des précisions supplémentaires sur cette clause (p. 180) :
Bien que la notion de « divorce » ne soit pas mentionnée dans le Sikh Rehat Maryada ni dans aucune source scripturaire sikhe, la clause « en temps normal… » (ਆਮ ਹਾਲਤਾਂ ਵਿਚ…), ajoutée dans l’édition de 1945, suggère que dans des circonstances exceptionnelles, un sikh peut se remarier alors que son premier conjoint est encore en vie.
Bhai Manvir Singh explique que, selon la tradition sikhe, s’il y a disharmonie conjugale, il existe certains protocoles à suivre. Cela impliquerait la Gur-Sangat ou les Panj Piarae (cinq sikhs de haut calibre spirituel représentant le Gourou en présence de Sri Guru Granth Sahib Ji).
Selon l’édition de 1936 du Sikh Rehat Maryada, la Gur-Sangat est définie comme suit :
« Gur-Sangat : là où il y a même un petit nombre de sikhs, ils forment une Gur-Sangat. Plus il y a de personnes, mieux c’est. Là où il y a au moins cinq tyaar-bar-tyaar (Amritdharis pleinement disciplinés) en présence de Sri Guru Granth Sahib Ji, on appelle cela une Gur-Sangat. »
(SRM : Chapitre 11, Article 18)
Bhai Manvir Singh Khalsa (p. 180) écrit :
S’il y a une disharmonie conjugale, la Sangat doit intervenir et fournir des conseils pour résoudre les problèmes conformément au Gurmat. Deuxièmement, on peut demander aux Panj Piarae d’aider à résoudre la situation. Toute résolution basée sur le Gurmat donnée par les Panj Piarae doit être respectée par les deux parties concernées.
Dans des circonstances extrêmes, anormales ou rares de rupture conjugale, la Gur-Sangat ou les Panj Piarae peuvent donner la permission à quelqu’un de se remarier ; cependant, même dans ces cas, il n’existe aucune cérémonie ou procédure religieuse pour le divorce, car le divorce est une affaire civile.
Bien qu’il n’y ait pas de directive officielle spécifique sur le divorce, le 1ᵉʳ mars 2005, le Jathedar de l’Akal Takht de l’époque a abordé la question du divorce et du remariage. Le 3 mars 2005, Varinder Walia, du journal The Tribune, a rapporté :
Les accusations de polygamie ont mis Giani Iqbal Singh, Jathedar (grand prêtre) de Patna Sahib, dans l’embarras hier lorsque le Jathedar de l’Akal Takht, Giani Joginder Singh Vedanti, a annoncé que sans divorce, un second mariage par un sikh constitue une violation du Sikh Rehat Maryada, approuvé par le S.G.P.C. et l’Akal Takht.
Dans des circonstances extrêmes, anormales ou rares de rupture conjugale, la Gur-Sangat ou les Panj Piarae peuvent autoriser une séparation permanente et un remariage. Cependant, le couple doit obtenir un divorce selon la loi civile du pays.
Autrefois, en cas de rupture dans des circonstances exceptionnelles, la femme quittait son mari et allait vivre chez ses parents. Aujourd’hui, les partenaires peuvent vivre séparément ou demander un divorce civil. Toutefois, il faut consulter les Panj Piarae, les anciens Gursikhs ou la Sangat.
Le mariage ne doit pas être considéré comme quelque chose que l’on forme et rompt au gré de sa volonté personnelle. C’est un engagement pris devant Dieu, et pour être relevé de cet engagement envers l’autre personne, il faut que des circonstances très exceptionnelles soient présentes et validées par le Gourou sous la forme de la Gur-Sangat ou des Panj Piarae.
Si l’on obtient la permission de se remarier, cela peut se faire selon la cérémonie de l’Anand Kaaraj :
ਙ) Le remariage peut être célébré de la même manière que le mariage Anand.
(Sikh Rehat Maryada : Chapitre 11, Article 18)